Grande distrib' : négo libres !

Voilà qu'on veut s'attaquer à améliorer le pouvoir d'achat des français. C'est bien.
J'y suis favorable, vous pensez-bien : 5 Bouchanourrir, c'est du boulot !
Pour cela, le gouvernement assoupli les règles d'ouvertures des grandes surfaces :"Nous aurons plus de joueurs sur le terrain, en meilleure situation pour négocier les tarifs, le tout dans un encadrement beaucoup plus rigoureux avec une Autorité de la concurrence aux pouvoirs élargis" (latribune.fr, 28/04/2008)
Comment ? C'est simple : avec plus d'acteurs, il y aura plus de concurrence, donc une émulation trés forte des prix à la baisse. Voilà une explication magistrale : plus d'offre avec même demande = concurrence = prix en baisse.

OK, c'est le discours ultra libéral sur la formation des prix en concurrence libre et parfaite.

Mais qui va ouvrir ? ED? C'est Carrefour. Leader Price ? C'est Casino. Atac ? C'est Auchan. Donc en gros, on va permettre aux existants d'étendre leur zones de chalandises. Cela aura-t-il un effet sur les prix ? Non.

Deux scénarios sont possibles, et pas nécessairement indépendant : ils seront même concomitant très certainement, ou consécutifs :

1. Pour financer tout ça, les grands distributeurs vont devoir demander aux industriels le financement de ces investissements (augmentation des marges arrières)! Ces derniers vont augmenter leurs prix ! ce que les distributeurs répercuteront, avec l'effet de levier des marges arrières !

2. Les distributeurs vont chercher a phagocyter la concurrence : je tire sur tout ce qui bouge, j'ouvre une enseigne même si j'y suis déjà, de façon à ne pas laisser de place à l'autre : style Walmart/starbucks ! Au total, le consommateur aura moins de choix, donc sera tenu par les c... et le distributeur pratiquera un prix de monopoleur.

Et Lidl, Aldi ? On vous apprendra en économie industrielle que les gros ont toujours besoin des petits car ainsi, ils peuvent aligner leurs premiers prix sur ceux de ces enseignes peu développées, en encaissant la rente liée aux économies d'échelles et de volume (en particulier gains logistiques).

Et quid des petits commerces, qui sont déjà exangues avec la loi galand ? une aide supplémentaire pour les aider à fermer en douceur?

Le consommateur est perdant car la concurrence libre et parfaite suppose une symétrie de l'information entre le producteur et le consommateur, et ne formalise pas le comportement de l'intermédiaire. Or ce dernier brouille les pistes, il rend opaque le marché en trompant sur le prix, seul véritable élément tangible pour comparer des produits entre eux (Caeteris Paribus).

Au final, il s'agit d'une décision absurde par erreur de raisonnement. Le consommateur paiera toujours plus cher. Pire, il risque de ne plus avoir le choix, si dans un périmètre donné, une seule enseigne prend le contrôle... Ce qui arrive déjà dans certaines ville.

Soyons vigilants !