Liberté et Religion
Nous assistons, parmis les chrétiens français, à l'occasion de ces élections de 2012, à un débat formidable entre les tenants du non-négociable (appelés ayatollahs par René Poujol), qui préfèrent voter pour un homme qui dit aujourd'hui qu'il ne touchera à rien, et ceux qui, sensibles à la détresse humaine de la majorité de leurs contemporains, veulent un monde meilleur, quitte à faire élire un homme qui veut avancer vite sur l'homoparentalité, le marriage homosexuel et l'euthanasie, points pour le moins incompatibles avec les canons chrétiens de la famille et de la protection de la vie.
Il nous est rappelé, en catiminie, sur RCF mercredi (ici), qu'un homme, Charles de Montalembert, qui par ailleurs a donné son nom à nombres d'institutions catholiques, s'est dressé, en son temps, contre l'immobilisme catholique, en particulier en ce qui concerne les libertés individuelles. Il participera à la création du parti catholique, qui sera un fervent défenseur de la liberté d'enseignement, des droits de l'homme et des libertés religieuses. Il sera également le principal architecte de la loi Falloux, qui préside toujours aujourd'hui au fonctionnement de l'enseignement privé.
Ses piques seront trés largement comdamnées par le Pape Pie IX. Car libéral, moderne, démocrate aussi, il dérangeait. On doit à Montalembert des sorties célèbres. Ainsi, défenseur de la liberté de conscience, il délarera :
« Au nom d'une religion qui a introduit la vraie liberté dans le monde, on me prêche l'arbitraire et l'ancien régime. [...] Mais aujourd'hui je ne désespère pas de trouver des hommes qui [...] prennent pour mobile de leur conduite Dieu et la liberté. »
Cette sortie lui vaudra une remontrance officielle du Saint Siège par non moins qu'une encyclique et le fameux syllabus, receuil de 80 phrase qu'il est interdit de dire, en particulier " Le Pontife romain peut et doit se réconcilier et transiger avec le progés, le libéralisme et la civilisation moderne", et d'autres, contre la liberté de la presse et la liberté de conscience.
C'est drôle que l'on programme cette émission sur une radio catho pendant cet entre-deux tour. Peut-être une façon de nous rappeler que déjà, les catholiques à l'époques, n'étaient pas seuls à exister en Europe, qu'il y avait déjà d'autres religions ou non religions d'ailleurs, et beaucoup d'obscurantisme. Peut-être une façon de nous montrer aussi, que des hommes résolus sont capables de faire bouger les choses, d'un côté comme de l'autre : "l'Eglise libre dans un Etat libre".