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Jean-Phi dit des choses
20 avril 2012

Comment Voter ?

Cette année, je n'arrive pas à me décider. Je navigue entre mes convictions, mes raisons, mes sentiments, mes opinions.

Catho, j'ai du mal à aller vers la gauche libertaire, et pourtant, social dans l'âme par définition, je ne pourrais faire la place à une droite cancérisée par le lobbyisme financier mondialiste, pour reprendre le phrasé des alters et de l’ultra gauche. Et pas un seul pour parler de choses qui fâchent, comme le fédéralisme européen, avec un pouvoir politique commun, centralisé, démocratisé, à l’américaine, a la canadienne, finalement, à l’allemande ! Et une banque centrale européenne qui serait enfin un outil de politique économique et d’équilibre interne.

Ce que j’ai peur surtout, c’est que face à l’indécision générale, malgré et même à cause du résultat annoncé, finalement, le premier et même le deuxième du premier tour ne seraient pas ceux que l’on pense. Du genre Hollande – Mélanchon, la droite étant étirée sur NDA, NS, MLP et FB ! Ou Mélanchon-Le Pen ! Avec un deuxième tour comme un plébiscite moral, comme en 2002, qui donnerait la grosse tête à un candidat que finalement, seul 20% des français auraient choisi, les yeux fermés, au premier tour.

Finalement, nous en sommes à la limite déjà instruite par un certain Condorcet, à qui l’on doit outre les équations différentielles, une étude sur la transitivité des choix des décisions prises à une majorité populaire de scrutin. C’est le paradoxe de Condorcet, où triangle pierre-feuille-ciseau (définition personnelle) : les candidats sont jugés sur des critères relatifs, et chacun préfère un candidat en fonction de la réponse que ce dernier apporte à chacun de ces critères. Il y a donc en réalité une préférence ordonnée : je préfère Hollande à Sarkosy, mais Sarkosy à LE Pen, mais Le Pen à Poutout, etc, etc.

Condorcet montre que le résultat d’une élection à suffrage universel direct change dés lors que l’élection tient compte non plus seulement des premiers choix des électeurs, mais de l’ordonnancement de leurs choix. Et il montre également que même en classant les choix par paires, l’organisation du scrutin peut être très lourde ! Avec 10 candidats, il y aurait 9 choix possibles par candidat en première position soit 90 possibilités ! Même à l’heure de l’informatique, ce ne serait pas simple à compter ! Un biais possible est de ne compter que les voix elles-mêmes, sans tenir compte de l’ordre : chaque électeur doit prendre un bulletin par candidat, et remplir 3 enveloppes de couleurs différentes; on arriverait alors au candidat ayant le plus de sympathie, le plus grand dénominateur commun. En l’occurrence, ce serait sans toute Bayrou, selon les popularités : Ipsos le 10 mars le donnait avec 60% d’opinion favorable le 10/03, et même 66 % le 20 janvier !

Ces paradoxes et critiques du suffrage universel sont nombreux, et l’on finit par dire que la démocratie est le moins mauvais des systèmes de gouvernement politique. Bon. Comme je me suis arrêté en DEA d’économie, pour faire de la comptabilité et réparer des grooms défectueux, je suis peu armé pour argumenter au-delà d’un prix Nobel d’économie. Et pourtant, je constate que l’appel au vote raisonnable, le vote de raison, c’est bien que nos candidats en tête des intentions, potentiellement en finale, ont conscience que la dilution des choix peut amener des surprises comme en 2002. Une peur que, comme je l’ai écrit plus haut, je partage. Car si je veux me faire plaisir au premier tour, je risque bien de me faire mal au deuxième (notez que je me retiens en public).

Je tourne en rond, dans l’indécision générale. Non pas que je ne sache pas ce que je veux : la réussite scolaire de mes enfants grâce à leurs profs et pas à leurs cours particuliers, mes verres progressifs, le fuel pour l’hiver prochain, le prolongement de la déduction des intérêts d’emprunts de la résidence principale au-delà de 5 ans quand on en a prix pour 25, etc. Mais je n’ai pas d’enthousiasme, car personne ne me parle de tout ça. Et je sais que quel que soit le gagnant, y compris Mélenchon qui en bon franc mac ne manquera pas de faire la place aux copains et pas aux super vrais faux compétents, ou de nous la faire à l’envers comme pour Maastricht, je sais que je devrais me débrouiller, retourner de la pelouse pour les rutabagas, en serrant les dents quand on me traitera de riche, ce qui est vrai, mais pas par ma voiture, ni mon téléphone portable, ni la jauge de ma cuve à fioul.

 

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